Histoire

CHEVREMONT "mont des chèvres", bourg aux 6 collines.

BLASON

Blason

Il a été trouvé dans l’Armorial Général de France et est composé :
 au centre d’un CHEVRON D’OR sur fond de couleur AZUR,
 en pointe, d’une MONTAGNE A SIX COUPEAUX couleur Or.

(Réf. Belfort et son Territoire J. Liblin)

ETYMOLOGIE

(paru dans le journal l’Alsace à Belfort, par E. Girardet avant 1914)

On trouve dans des textes anciens CHEVREMONT (en 1105), CAPREMONS (en 1177), en latin CAPRIMONS, en allemand GEISENBERG qui a le même sens.

La configuration géographique du village entouré de monts et mamelons variant entre 250 m et 380 m d’altitude, explique assez une partie de son nom et il s’appelait MULTIMONTS. Mais que vient faire la chèvre ? Les historiens ne l’ont jamais écrit, les légendes seules ont fait leur chemin. Voici l’une d’entre elles :

Un berger, allant à l’aventure dans ce pays inhabité, y faisait paître ses chèvres lorsque dans un moment d’inattention son troupeau avait disparu. Il se mit à jeter de hauts cris. C’est alors qu’un autre berger est venu lui demander la cause de ses larmes : c’était bien entendu d’avoir perdu ses bêtes. « La chèvre monte » lui objecta son camarade. « Grimpe sur ce mont, tu y trouveras tes chèvres et les miennes ». Ainsi fut fait. Les chèvres étaient au sommet où les bergers s’installèrent. Ce furent les deux fondateurs du village.

NAISSANCE

Chèvremont, dès lors fondé grâce à ces bergers, était tout désigné pour bénéficier des faveurs des comtes du Sundgau. Ils firent édifier une église vers le IXième ou Xème siècle, à l’endroit où existe celle d’aujourd’hui, au sommet d’une moraine (amas de débris minéral composée d’argile gris et rouge ainsi que de conglomérat jurassique).

Cette moraine :
 prend naissance à l’est d’une forêt dite aujourd’hui la Ragie du Bailly ;
 se dirige vers le village qu’elle traverse et domine d’Ouest en Est ;
 se termine brusquement après un parcours d’environ 1 500 m à l’est de l’église, au lieu dit les Champs sous l’église.

Elle domine :
 au nord : le ruisseau le TROVAIRE (avec sa source du même nom) ;
 au sud : le ruisseau des Neuf Fontaines appelé improprement LA CLAVIERE ainsi que les sources du Martyr qu’on remarque encore près du ruisseau (à gauche du chemin pour se rendre à la gare) ;
 à l’est : une partie marécageuse ;
 au nord est : la fontaine Saint Genêt.

Nous pouvons donc constater le soin qu’avaient pris nos aïeux d’établir le fondement du village, à l’abri des inondations et à proximité des points d’eau potable.

HISTOIRE LOCALE

Au Moyen Age, pendant la période des invasions (250-500) la région de Belfort vit passer beaucoup de monde : Francs, Vandales, Alamans, Burgondes... Le sud de l’Alsace, espace frontière entre les royaumes burgonde et alaman ne connut guère la tranquilité avant que Charlemagne ne restaure l’ordre qui avait disparu avec l’Empire romain. Les morcellements successifs de l’Empire de Charlemagne firent échoir la région successivement à Lothaire Ier, Lothaire II, Louis le Germanique et Charles le Gros. En 923, Henri l’Oiseleur, roi de Germanie reprend l’Alsace au Royaume de France.

Vers le milieu du XIe siècle, Louis de Mousson et de Bar fut le premier comte de Montbéliard et de Ferrette. Ses petits-enfants se partagèrent la région : Thierry II devint comte de Montbéliard et Frédéric II comte de Ferrette. Notre département était alors coupé en deux, la partie Est (seigneuries de Rougemont, du Rosemont, de Florimont) faisait partie du domaine de Ferrette. Les deux comtes ne s’entendaient pas au mieux puisque Frédéric fit construire sur la hauteur de la Miotte le Château de Montfort (dont la ’Miotte’ serait une "miette") en face du château de Belfort-sur-la-Roche. Heureusement, le traité signé en 1226 à Grandvillars et le mariage entre Thierry, fils aîné de Richard de Montbéliard, et Alix, fille de Frédéric de Ferrette mit fin à la dispute.

Au moment de l’affranchissement de la ville, en 1307, la seigneurie de Belfort comprenait trois districts découpés en mairies, chaque district possédant un tribunal qui rendait justice au nom du seigneur :

 Prévôté de Belfort : Bavilliers, Belfort, Botans, Buc, Cravanche, Offemont, Lagrange et Pérouse.
 L’Assise : Andelnans, une partie de Bessoncourt, Chèvremont, Danjoutin, Dorans, Fontenelle, Moval, Petit-Croix, Sévenans.
 Prévôté d’Angeot : Angeot, Larivière, Novillard et Vauthiermont.

Au partage du comté de Montbéliard-Ferrette, en 1351, le fief de Chèvremont revient à Ursule, fille de Jeanne de Montbéliard, puis à Albert d’Autriche.

ACTIVITE ECONOMIQUE

LE MINERAI DE FER

Comme pour d’autres villages de la région (Pérouse, Bessoncourt, Vézelois, Roppe, Phaffans), le territoire de la commune recelait du minerai de fer en grain.

Le minerai se trouve dans une terre formée d’argile et de sable de grès. Il se présente sous la forme de grains dispersés, de couleur rouge ou brune. Les mineurs séparaient les grains en cassant les mottes de terre avec des outils à main, puis les lavaient dans des bacs en bois. Ils travaillaient à la tâche et étaient payés au poids du minerai propre.

On exploitait donc ce minerai à ciel ouvert au lieu dit "Le Reuché" de 1600 à 1850 (aujourd’hui circuit Eisen).

Au début de la production, le minerai de Chèvremont était coulé à Châtenois. A partir de 1640, il fut coulé dans les fours de Belfort (aujourd’hui quartiers du Fourneau, du Martinet, des Forges).

A Belfort et Châtenois, on coulait 240 tonnes par mois en 1800.

LA CHOUCROUTE
CHEVREMONT – PAYS DE LA CHOUCROUTE

Chèvremont fut, avant la première guerre mondiale, capitale française de la choucroute.

Refusant le joug prussien en 1870, les frères Ballis, fuirent l’Alsace occupée pour s’installer à Chèvremont. Ils fondèrent la « grande choucrouterie » qui employait alors 120 ouvriers et qui avait la particularité de fabriquer de la moutarde l’été.
C’est grâce à elle que Chèvremont serait devenu la capitale de la choucroute car la fabrique était la première choucrouterie de France en terme de production et de vente.
Le fils des établissements Ballis fut tué à la guerre de 1914/1918.

Le patron vendit alors l’entreprise (située vers la gare) à Rozendaal, usine de coton, en recommandant qu’on n’y fasse plus de choucroute.

En 1929 environ, Monsieur Christ ouvrit une choucrouterie à l’angle de la rue du Texas et du Stratégique.
Elle fut reprise par la famille Fendeleur en 1942.
En 1953, elle s’est transformée en coopérative et les agriculteurs des environs y vendaient leurs choux.

Monsieur Jean Bouquet qui travaillait à la choucrouterie depuis 1948, décida de s’installer en 1956, rue de Fontenelle. Il créa son entreprise sous le label « La Chèvremontoise » : plus les concurrents fermaient, plus sa production augmentait. En activité, il produisait jusqu’à 800 tonnes de choux par an. Il lui arrivait même de vendre 10 tonnes de choux coupés par samedi en automne.
Il était producteur et transformateur. Il cultivait, achètait les choux aux agriculteurs locaux et employait surtout des saisonniers. Son entreprise était restée artisanale et familiale.
Jean Bouquet pris sa retraite en 1992 et ses locaux servaient de dépôt à la Choucrouterie Claude, de Chavannes sur L’Etang.
La dernière choucrouterie de Chèvremont cessa toute activité commerciale en 2007.

Choucrouterie