L’Eglise de la Sainte Croix

Elle a été construite en 1784 par l’architecte et le futur général Kléber, sur les bases d’une construction plus ancienne.

Eglise de Chèvremont
Eglise aujourd’hui

EGLISE AVANT SA RECONSTRUCTION

Il est démontré qu’elle avait été bâtie à la fin de la période gallo franque vers le neuvième siècle.

Les dimensions de cet édifice étaient de quinze mètres sur sept. L’épaisseur des murs de la tour carrée du clocher, flanquée de quatre meurtrières, prouve bien que cette église était fortifiée.

Des modifications sont intervenues au cours du temps, puisqu’il existe une ouverture datant de l’époque gothique (fenêtre gothique dissimulée par le toit de l’église).

L’église était placée sous l’invocation de la Sainte Croix. Elle avait deux autels latéraux :
 un dédié à Sainte Catherine, avec une chapellenie annexée à l’église de Phaffans,
 l’autre dédié à Sainte Ursule et aux quatre mille vierges, également pourvu d’une chapellenie.

RECONSTRUCTION DE L’EGLISE PAR KLEBER

Jean-Baptiste KLEBER est né à Strasbourg le 9 mars 1753. Orphelin de père à trois ans, il reçu de son père adoptif, Jean Martin Burger, architecte des Rohan, une solide éducation.

Il étudia le dessin et les mathématiques puis s’initia aux travaux du bâtiment sur les chantiers dirigés par son beau-père. Vers 1772, il travailla dans les bureaux de Chalgrin au moment où cet architecte parisien dressait les plans de l’église Saint-Philippe-du-Roule à Paris. Il y resta deux ans et revint à Strasbourg.

Il fut nommé le 15 octobre 1784, par l’Intendant d’Alsace (De la Galaizière), inspecteur des bâtiments publics de Belfort.

Avec la reconstruction de l’église de Chèvremont, la région lui doit : l’hôpital de Thann, la maison des chanoinesses de Masevaux, le Château Seigneurial de Grandvillars, le pavillon qui porte son nom dans l’enceinte paroissiale protestante de Belfort, le clocher de Larivière et les transformations de l’hôtel de Staal pour en faire une maison de ville à Belfort.

Dès sa nomination à Belfort, KLEBER prit en main les affaires laissées par son demi-frère Burger. Parmi celles-ci se trouvait le projet de reconstruction de l’église de Chèvremont.

Un devis qui avait été dressé par Burger et approuvé par l’Intendant d’Alsace se montait à 8 106 livres. L’adjudication passée le 26 octobre 1784 par devant M. de Belonde, subdélégué de l’Intendant d’Alsace à Belfort, portait la dépense prévue à 10 500 livres. Mais, lors de la démolition de la nef, il fut jugé nécessaire de rempiéter et d’exhausser la tour, d’y apposer une flèche. Le devis de ces travaux supplémentaires dressé par KLEBER se montait à 4 933 livres. C’en était trop pour la municipalité de Chèvremont qui demanda une annulation des ordonnances relatives au paiement de cette dernière somme due à l’entrepreneur, et une expertise des travaux effectués.

Dans un petit dossier des archives départementales du Haut-Rhin concernant la construction de l’église de Chèvremont, un projet d’arrêté de l’Intendant d’Alsace déboutant la commune d’une ultime requête en 1787, énumère sur plusieurs pages les péripéties de la lutte de la municipalité avec l’administration.

On apprend dans ce dossier que l’église fut terminée en 1787 car, parmi les pièces de procédures citées, figure le toisé définitif dressé par KLEBER le 12 juin de la même année.

Outre les modifications apportées à la tour, KLEBER est à l’origine de l’ajout du portique d’entrée à l’extérieur de l’édifice et probablement aussi du revêtement de la façade en pierres de taille. Aucune modification importante n’affectera par la suite l’édifice construit de 1784 à 1787.

ARCHITECTURE

L’église de KLEBER comporte un vaisseau unique de 24,50 sur 13,50 mètres. Elle est dirigée vers l’Est (symbole de l’attente du soleil levant et de la résurection).

Il est séparé du chœur par un arc triomphal en anse de panier.

Le chœur, plus étroit et surélevé de deux marches, est terminé par une abside semi-circulaire.

Un seul niveau d’élévation est formé par des baies en plein cintre.

Les deux baies de l’abside ont été murées en 1968 pour donner plus de grandeur au chœur et favoriser le calme nécessaire à l’action liturgique.

L’espace intérieur est couvert d’un plafond.

Le clocher porche est flanqué, à droite de la chapelle, des fonts baptismaux. A gauche, se trouvent les escaliers qui permettent la montée au clocher et au deuxième niveau à la tribune des orgues.
Le clocher est surmonté d’une girouette avec un coq (symbole de la vigilance de l’âme en attendant la seconde venue du Christ. Le coq est d’ailleurs souvent représenté avec les Instruments de la Passion).

Le mur Ouest de la tour est un léger relief sur la façade et dans le même appareil de pierres de taille.

Le péristyle est constitué par un fronton dorique en bois supporté par quatre colonnes. Le tailloir du chapiteau et la base, de forme octogonale, en font une interprétation tout à fait originale. Si nous jetons un coup d’œil sur la façade de Saint-Philippe-du-Roule et que nous revenons à Chèvremont, nous retrouvons bien l’influence de Chalgrin.

« Les colonnes, plus grecques que romaines, supportent une corniche architravée qui porte l’inscription "COELI ENARRANT GLORIAM DEI" (Les cieux proclament la gloire de Dieu - Psaume de David XVIII, I). Cette partie est traitée en bois avec goût et logique, suivant le mode dorique, et les mutules espacées répondent à leur rôle primitif. » (Robert Danis, Kléber architecte à Belfort)

LES CLOCHES

L’église de Chèvremont possède quatre cloches :
 la plus grosse, d’un diamètre de 1,16 m, donne la note Mi dièse. Elle fut bénite le 14/11/1843 ;
 la deuxième, d’un diamètre de 1,025 m, donne la note Fa dièse. Elle fut bénite le 26/05/1864 ;
 la troisième, de la même époque, d’un diamètre de 0,91 m, donne la note Sol dièse Elle fut bénite le 14/11/1843 ;
 la quatrième, d ’un diamètre de 0,79 m, donne la note Do dièse. Elle fut fondue en mai 1872.

Pour prévenir d’un décès, c’est le glas. La sonnerie est différente selon s’il s’agit d’un homme, d’une femme ou d’un enfant.
 Pour un homme : la plus grosse puis toutes les cloches puis la plus grosse.
 Pour une femme : la cloche intermédiaire, puis toutes les cloches, puis la cloche intermédiaire.
 Pour un enfant : la plus petite, puis toutes les cloches, puis la plus petite.

REPERTOIRE DES MONUMENTS HISTORIQUES

La façade principale, le clocher et le péristyle sont répertoriés et inscrits aux monuments historiques (21/12/1992).

A l’intérieur de l’église, on trouve également inscrits au patrimoine historique :

  • dans la catégorie menuiserie : une chaire à prêcher en bois taillé, d’une hauteur de 550 cm.
Chaire
  • dans la catégorie sculpture :
    • 3 statues (Saint Genest, Saint Joseph, Saint Nicolas) du 19ème siècle, en bois doré, d’une hauteur de 113 cm.
    • 1 statue de la Vierge en Pitié du 17ème siècle, en bois doré, d’une hauteur de 70 cm,
    • 1 statue de Sainte Agathe en bois doré, d’une hauteur de 110 cm,
    • 1 statue de la Vierge à l’Enfant, du milieu du 19ème siècle, en bois doré, d’une hauteur de 113 cm.
Vierge à l’Enfant